30 décembre 2010

Oracle d'Ereshkigal



Ma voix s'élève parmi les hurlements des damnés.
Ceux qui souffrent M'invoquent.
L'amertume est Mon trône ; la solitude, Mon salut.
Apportez-moi ces offrandes et je vous enseignerai la survie.
Je suis la Reine à la Face Noire, souveraine des Galla.
J'ai été oubliée dans vos parts sombres,
Les espaces secrets de vos coeurs, brillants tels des miroirs d'obsidienne.
Mais Je suis là.
Mes bijoux, Mon coffre aux trésors sont ces objets que les autres rejettent.
Je ramasse le rebut,
Ainsi, J'apprends à faire couler le sang dans l'ombre, et Je m'approprie les os.

Pleurez avec moi.
Touchez la part sombre et dénuée de vos cœurs.
Je suis la perte qui brûle la chair.
Je suis l'envie, la jalousie, la haine, et tout ce qui se dissimule en-dessous.
La folie est parfois mon cadeau :
Ils sont comme Moi, ceux qui en ont trop vu.
Je restaure les coeurs brisés.
J'en fais des champs de glace.
Mon souffle est l'obscurité qui apporte le frisson de la peur.
J'ai connu l'amour, mais lui ne M'a pas connu.
J'enseigne l'endurance patiente.

Je suis Celle qui lève le voile.
Je prends votre douleur, votre misère, votre stérilité, votre perte
Et avec elles Je tisse mon manteau.
Je suis la Stérile qui récolte ce que les autres rejettent,
Toutes choses qui vous font voir au-delà du prisme illusoire du jour.
Je sanctifie le cœur.

Je suis Celle qui ne touche point.
Cherchez-moi là où votre manque est le plus grand.
Je suis la beauté qui méprise la lumière,
Beauté solitaire et rage amère.
Je collecte les peurs que vous libérez.
Vous vous trompez sur Moi et Mon royaume - l'Obscurité n'est point stérile.
Je suis Mère de nombre de monstres, toutes vos peurs cachées
Et je vous enseigne à devenir maîtres de vous-mêmes. Je vous conduis à la Lumière.

Je suis au-delà de la Mort.
La douleur est aussi plaisir, pour ce qu'elle nous enseigne.
La lumière sans l'obscurité n'est rien.
Je suis la Déesse que nul ne veut connaître, mais que tous doivent rechercher.
Je suis la Mère de toute perte.
Je sacralise l'esprit.
La peur est le plus grand présent que Je vous fais.
Car le courage est une lame sombre dont l'acuité doit être méritée.
Portez moi des offrandes d'armoise, amère comme Mon coeur.
Je suis la dévoreuse de cadavres, la chair est mon festin.
Je suis la cendre, reste du sacrifice
Mes dons et mes trésors sont nombreux, mais c'est à vous de Me convier.

Galina Krasskova, dans Into the Great Below
Traduction personnelle

22 décembre 2010

Déesse aux Serpents et menstruations

Traduction personnelle de la page suivante. Bonne lecture :)


"En 1906, quelques années après leur découverte par Evans, il fut suggéré que les figurines représentaient non pas une déesse ou ses figures votives, mais des charmeuses de serpents, venues d'Égypte pour le bon plaisir du Palais de Knossos.

Evans approuva l'hypothèse, mais il continua de considérer les figurines comme les objets centraux d'un autel religieux ; dans ce cas, charmer le serpent ne représentait pas qu'un bon amusement pour la cour, mais relevait vraisemblablement d'une pratique religieuse dévolue à des prêtresses [...]

Si on fait le lien avec les objets magiques égyptiens de la même époque, on peut penser que les figurines trouvées par Evans avaient fonction de "charmes" dans des rites magiques réalisés devant l'autel, et qui, plus spécifiquement, avaient un lien avec des questions concernant en priorité les femmes, parmi lesquelles la fertilité, les menstruations, la conception, et le lait maternel.

Fertilité, menstruation et conception étaient étroitement connectées ; les premières règles initiait la fertilité, qui se confirmait par la conception. La conception était elle-même signifiée par l'arrêt des règles. Les menstrues étaient donc la clé, et par conséquent, grande importance et pouvoir étaient accordés au sang menstruel.

Du fait que les femmes ne pouvaient concevoir qu'après les premières règles et que les menstrues s'arrêtaient avec la grossesse, on arrivait rapidement à la conclusion que le sang menstruel était lié à la création de la vie. On le reliait également avec la production de lait maternel : en effet, si une mère nourrit son enfant au sein, les règles pourront ne pas réapparaître avant six mois.

Cependant, comme Hippocrate l'observait, les règles provoquaient un certain inconfort et des douleurs chez la majorité des femmes : tension émotionnelle, douleurs dans la zone pelvienne et dans les seins, rétention d'eau, etc. De plus, l'affaire pouvait se compliquer si les règles n'avaient pas lieu, puisque le sang menstruel, au lieu d'être évacué par le vagin, pouvait s'accumuler dans le corps féminin, touché alors par toute une variété de maladies [...]
Ces symptômes physiques et émotionnels, qu'on nomme aujourd'hui syndrôme prémenstruel (terme utilisé pour la première fois par la physicienne Katharina Dalton dans les années 50), étaient soulagés dès lors que les règles se déclenchaient.

En plus de ce syndrôme, les femmes souffraient également de règles particulièrement hémorragiques, ou encore irrégulières.

En Egypte, des sorts étaient prononcés pour apaiser les dysfonctionnements liés aux règles ; deux d'entre eux demandaient l'insertion d'un tissu noué (un "noeud d'Isis" ?) dans le vagin, tandis qu'un autre recommandait à la femme qui souffrait de règles irrégulières de réciter certaines formules magiques et de consommer un remède à base d'herbes.

Que la figurine de la "Déesse aux Serpents" minoenne puisse être connectée aux menstruations est tout d'abord suggéré par sa couleur. Telle que nous pouvons l'admirer actuellement, le coloris dominant de la jupe et du corsage est un jaune doré assez sombre.

Elizabeth Barber a souligné que le jaune étaient une couleur féminine dans les temps anciens (Women's Work: The First 20,000 Years: Women, Cloth, and Society in Early Times, New York and London: W. W. Norton, 1994 ). La teinture jaune était obtenue à partir de safran (les stigmates séchés du crocus sativus), une plante qu'on voit être récoltée par des femmes sur une fresque minoenne découverte en 1973, fresque elle-même décorant un bassin lustral dans une salle cultuelle, dans laquelle on pense que les jeunes filles étaient initiées à certains mystères de la menstruation et de la naissance, et trouvée dans le bâtiment nommé Xeste 3 à Akrotiri, sur l'île de Thera.

Le safran était utilisé par les femmes pour soulager leurs douleurs menstruelles. La récolte du safran fait également l'objet d'une fresque découverte par Evans à Knossos. Comme noté plus haut (cf. article complet, NDT), des fleurs de safran décorent également une des ceintures de faïence découverte avec les figurines, et constituent le motif décoratif principal des robes votives en faïence, qu'on voit, dans la photo prise par Evans  lors de sa reconstitution de l'autel, pendre du mur derrière les figurines.

Dans sa description des robes et des ceintures, Evans commente, sans la moindre explication, que les articles votifs ont une analogie avec les nœuds sacrés . De nombreux exemples de nœuds sacrés - un nœud doté d'une boucle de tissu au sommet et parfois frangé en bas – nous sont parvenus, en ivoire, faïence, peintes ou gravées. Evans les pensait liés à la Déesse Mère. Un exemple signifiant pourrait être celui porté à la nuque par cette femme minoenne connue comme "la Parisienne" :

Comme le note Evans, on peut faire un parallèle avec l'ankh égyptien. Mais un lien d'autant plus intéressant peut être fait avec le symbole tiet, similaire à l'ankh, qui, du fait de son association avec Isis (il représente ses parties génitales), est également appelé "nœud d'Isis" et "sang d'Isis".

Dans la deuxième dénomination, référence pourrait être faite au sang menstruel d'Isis. Avec cette signification, le symbole était fréquemment gravé sur des pierres rouges semi-précieuses, cornaline, jaspe ou porphyre, ou taillé dans du verre ou de la porcelaine rouge, et servait d'amulette pour les femmes, et spécialement pour les femmes enceintes. On a pu suggéré que le nœud d'Isis fonctionnait à l'origine comme une sorte de tampon, inséré dans le vagin de la Déesse lorsqu'elle était enceinte d'Horus, afin de protéger l'enfant que Seth menaçait de détruire. Dans cette perspective, le nœud d'Isis protégeait des fausses couches.

Un des hiéroglyphes utilisés pour écrire le mot "sa", signifiant "protéger", est une corde en forme de boucle faite de fil ou de cuir. Ainsi, la corde dont il fut question plus haut (cf. l'article complet, NDT), formant un nœud entre les seins de la "Déesse aux Serpents" comme de la figurine votive, pourrait former un nœud magique, ou "sa", identifié comme un symbole de la vulve.

"Sa" était également le nom donné au "sang d'Isis". Sur certaines statues d'Isis, ou de femmes vêtues comme Isis, le nœud d'Isis est porté dans la même position que sur la "Déesse aux Serpents".

Un autre noeud magique peut être vu dans la ceinture ou le corsage.[...] La figurine minoenne "porte" un serpent noué sur la région de son utérus, peut-être pour protéger la femme de douleurs prémenstruelles.

Bien qu'il soit difficile d'établir un lien formel entre serpents et menstruations dans la Crète Minoenne, l'anthropologie contemporaine nous offre un exemple intéressant avec le rituel du Serpent Arc-en-Ciel dans la culture Aborigène d'Australie. Dans ce rituel, le temps menstruel est conceptualisé comme un arc-en-ciel, ou comme un serpent.

Certaines cultures considèrent que le déclenchement des règles est causé par la copulation avec un serpent surnaturel, qui rend la femme fertile et l'aide à concevoir des enfants.

Depuis les temps les plus anciens, le sang menstruel a été associé avec la création de la vie. Techniquement, les menstruations sont l'évacuation du corps de la femme de tissus en désintégration qui recouvraient l'utérus. Dans un sens, c'est une phase de transformation, de renouvellement, et lorsqu'elle est complète, après à peu près cinq jours, la femme et ses fonctions reproductives sont régénérées. Les serpents passent par le même type de transformation périodique, quittant leur ancienne peau, renaissant à leur tour, d'une certaine manière.

Ce renouvellement constant fait du serpent un animal sans âge pour de nombreuses cultures. La lune, intimement liée au cycle menstruel de la femme [...], est également associée avec le renouveau, et par conséquent avec le serpent.

Si la "Déesse aux Serpents" est bel et bien une divinité dévouée aux problèmes féminins, on peut alors suggérer que sa poitrine découverte pourrait avoir un lien avec le lait maternel. Un bon apport de ce dernier était crucial pour la survie d'un nouveau-né.

Dans l'Italie Étrusque, on a retrouvé de nombreux ex-votos représentant des seins féminins. En Égypte, des sorts assuraient la persistance du flux de lait, en comparant les seins de la mère à la poitrine d'Isis, ou aux mamelles d'Hathor, la vache divine.

On remarquera la couleur des seins de la "Déesse aux Serpents", d'un blanc parfaitement laiteux.

Une statuette de marbre, dont on ignore à ce jour l'authenticité, aurait été trouvée dans la zone portuaire de Knossos ; elle représente une femme, habillée de manière remarquablement similaire à la "Déesse aux Serpents", tenant ses seins à pleines mains ; aucun serpent n'est présent cette fois-ci, mais le geste, ainsi que l'aspect maternel de la figurine, pourrait indiquer un lien avec la lactation.

L'attention est à nouveau portée sur les seins, soulignés par de petites perles d'or, d'une figurine d'ivoire restaurée :

Dans chaque main, la figurine tient un serpent d'or : des cobras d'Egypte, dont les corps sont enroulés autour des avant-bras. La statuette porte également une ceinture en or, munie d'un fermoir remontant verticalement [...]. De manière évidente, des bandes dorées marquaient à l'origine le contour de son corsage, mettant en valeur sa poitrine [...]."

11 décembre 2010

A la rencontre d'Inanna

En grande partie traduite et inspirée d'une méditation de Lisa Hunt dans "Celestial Goddesses". Testée et approuvée en compagnie de mes copines-sorcières ! Matériel à prévoir pour des conditions optimales : lapis-lazuli et/ou améthyste, encens de cèdre ou de myrrhe, musique adéquate (l'idéal consistant, selon moi, en cet album .)

Source : Inanna, par Katlyn Breene

C'est la nuit. Une belle nuit d'été, au ciel bleu marine, ponctué d'un nombre incalculable d'étoiles, plus scintillantes les unes que les autres ; un ciel semblable au lapis-lazuli. Parmi toutes ses étoiles, l'une d'entre elles attire votre attention. C'est l'étoile du Berger, Vénus. Marchez vers elle, en toute confiance, malgré l'obscurité. La nuit est douce et silencieuse, et vous n'avez rien à craindre.

Vous arrivez au bout de votre promenade, devant une grotte. Une belle femme vous attend à l'entrée, et vous fait signe d'approcher... C'est la déesse Inanna qui est venue vous accueillir. Elle vous sourit, d'un sourire doux et enveloppant, puis elle s'engouffre dans l'obscurité, vous faisant signe de la suivre dans les entrailles de la terre.

Le couloir de la grotte est sombre, étroit, humide. Prenez le temps d'en explorer la texture, l'odeur, les bruits... Vous êtes vêtue de multiples couches de vêtements, qui vous engoncent, vous tiennent chaud mais vous gênent. Avancez encore un peu, et franchissez un seuil, particulièrement étroit ; en respirant profondément, laissez derrière vous les pensées qui vous contrarient, qui pèsent lourd sur votre esprit, qui vous empêchent d'y voir clair ; expirez, et chassez-les avec tout l'air que vous expulsez. Vous vous sentez mieux ; vous avez chaud, et décidez d'enlever une couche de vos vêtements.

Le couloir suivant est encore un peu étroit, mais vous vous sentez plus légère. Poursuivez votre marche, jusqu'au prochain seuil. A nouveau, inspirez profondément, et visualisez ce dont vous voulez vous débarrasser, en particulier les émotions négatives qui étouffe votre âme, vos ressentis, votre capacité d'amour... et expirez en éloignant de vous ces mauvaises énergies. Retirez en même temps une nouvelle couche de vos habits. Vous êtes bien plus libre, bien plus légère...

Avancez encore, dans ce couloir sombre. Vous allez bientôt y abandonner ce qui parasite votre énergie, votre feu intérieur, ce qui vous empêche d'agir et de vous lancer dans de nouveaux projets. Vous voici parvenue à un nouveau seuil, inspirez et retirez un de vos vêtements, en expirant profondément. Vous êtes revivifiée, pleine d'entrain pour poursuivre votre route ...

Au seuil suivant, débarrassez-vous des questions matérielles qui vous empoisonnent ... Laissez derrière vous ce qui vous rend méfiante vis-à-vis de l'avenir, ce qui vous empêche de vous projeter, les doutes concernant votre situation financière ou professionnelle ; et ce, en même temps que vous vous dépouillez d'un vêtement supplémentaire. Avancez toujours dans l'obscurité.

A la prochaine étape, c'est-à-dire au prochain seuil que vous franchissez, inspirez profondément, et en expirant, détachez-vous de l'image négative que vous pouvez avoir de votre corps, de votre personne dans sa globalité ; refusez ce regard négatif qui vous empêche de vous sentir épanouie sur le plan physique, et retirez un de vos vêtements restants ...

Enfin, après une dernière avancée, passez encore un seuil ; et déposez-y, sans regret, sans remord, tout ce qui vous empêche d'évoluer spirituellement ; retirez alors la dernière couche de vêtement de votre corps.

Vous venez de franchir six portes, et vous voici parvenue, entièrement nue, dans une vaste caverne. Observez-la : est-elle aménagée ? Décorée ? Quelles odeurs, quels bruits y décelez-vous ?

Inanna vous y attend, royale, lumineuse. Elle qui vous a guidé à travers les couloirs de la grotte va bientôt vous conduire à l'air libre à nouveau, mais avant cela, peut-être a-t-elle un message pour vous. Approchez-vous d'elle, prenez-lui la main si vous le souhaitez... Et écoutez-la. Parlez-lui, si vous en ressentez l'envie.

Ensemble, vous allez franchir une dernière porte, située au fond de la caverne. Allez-y, remontez vers la lumière ; dehors, il fait jour ; écoutez le chant des oiseaux, le bruit de l'eau ; sentez l'odeur des fleurs, de la nature vivante ; tout ceci est à l'image de votre esprit, de votre coeur, de votre âme, régénérés, nettoyés de toute souffrance ou doute qui pouvaient vous empêcher d'avancer en confiance vers l'avenir.

Inspirez, puis expirez doucement... Lorsque vous vous sentirez prête, comptez jusqu'à cinq, et ouvrez les yeux.