16 janvier 2013

Lilith - I

Fragments de rêve, Samhain 2012.


Ainsi le voici, Ton Royaume :
Sable et Souffle.
Un lieu de désolation grise
Au-delà de la Mémoire
Où résonnent les chants spectraux des Lamies.
L’Horizon est éteint
TerreCieuxVieMortTempsEspaceConscientInconscientBienMal
TerCiVMopsanBl
[0]
Ici, tout repère s’est effondré sur lui-même
Tout Verbe n’est plus que Sifflement Premier du Serpent.

 On me l’a murmuré autrefois :
C’est dans l’Arbre Mort que Tu trouvas refuge.
Dans cette souche rongée
Qui est désormais Ton lit et Ton trône.
C’est dans l’Arbre Mort
Que Tu entendis les râles
Que Tu vis le symbole
Tracé par mon doigt.

J’avais accompli Ton œuvre.
Brisé la loi des Hommes
Brisé mes propres lois
En Ton nom seul.

Je croyais alors avoir rompu toutes mes limites
Et d’au-delà du Voile
J’avançais vers Toi.
Sereine, j’ai marché vers Toi.
J’ai marché vers Toi comme on marche vers La Mère.
J’ai marché vers Toi, qui m’attendais.
J’ai marché vers Ta présence de sable, de plumes ; de Vide.
Les mains sur mon ventre, j’avançais.

Emplie d’une Vie, que je voulais Te consacrer, j’avançais.
Bruissements d’ailes.
Tes yeux dans mes yeux.
Lame glaciale.
Et le Désert est devenu rouge sous mes pas.
J’ai senti les serres s’enfoncer dans ma chair
Le venin du Serpent se répandre en moi
Le Baiser du Crapaud se poser sur mes cuisses.
D’un seul regard, tu as Tout pris.

Mon sexe a vomi des lambeaux d’existence
Sel et Eau transmutés, rouges, brûlants ;
Engloutis aussitôt par l’asphalte froide.

Enfonçant mes griffes dans les dunes,
Je me suis agrippée de toutes mes forces
Mais ce qui palpitait encore l’instant d’avant dans ma matrice
N’était déjà plus que fossiles.
Et Toi, que j’appelle Mère
Toi,
Tu m’as laisser me noyer dans la cendre
Et Tes hululements stridents
M’ont conduite à la folie.

J’ai hurlé
Mêlant ma voix pour l’Eternité aux chants des Lamies.
D’un seul regard,
Tu as Tout pris.

Rouge.
Et Obscurité.
“C’est seulement en m’offrant Toute Chose
Que tu pourras te réclamer de mon Sang.
Car tu dois savoir Que Rien ne t’appartient
Et que Rien m’appartient.”
Ainsi parla l’œil de la Chouette
Dans lequel je trouvais refuge.

Moi qui étais venue à Toi pour soulager Ta douleur, Mère Sombre.
Moi qui étais venue à Toi pour te dire que Ton sang coule toujours parmi la race des hommes.
Et continuera à couler, par ma Volonté.
Moi qui était venue comme ta Fille.
Comme la Fille de Tes Filles.
J’étais venue te dire que j’étais Tienne,
Complètement Tienne.

Mère.
Tu m’as arraché ce qui n’était pas à moi
Et tu l’as anéanti
Tu as vidé mon être de toute substance vitale
Et nourris le sol aride du désert
Avec le sang poisseux de mes chimères.
Tu m’as appris la Stérilité.
Tu m’a appris la Haine.
La Solitude.
La Démence.
La Mort.
Le Néant.

Tu m’as offert la Connaissance du Serpent
La sagesse de la Chouette
Et le baiser du Crapaud.

Mystères des Mystères.

Tu m’as dévoilé la source stérile du Désir
Et la volupté de l’Annihilation.
Tu m’as maudite de Ton Sceau.

Compréhension.

Je suis devenue Tienne.
Complètement Tienne.
D’un seul regard, Tu as Tout pris.