Dans l'obscurité,
L'écho de mon cœur.
Puis, le silence.
Je me tiens devant la première porte.
Plumes et poussière
Me tombent des mains.
Je ramasse mes présents.
En moi, je sens le doute,
Mais rien ne transparaît sur mon visage
Alors que je salue le gardien.
Il me dit :
"tu dois".
Je lui donne mes oreilles
Et franchis le seuil.
Tâchant de garder l'équilibre,
J'avance sur un chemin étroit ;
J'avance sur un chemin étroit ;
Traçant ma route
Sans entendre le vent hurler.
Je me tiens devant la deuxième porte
Et le gardien me dit : "tu dois".
Je lui donne ma gorge.
Et je franchis le seuil.
Ce chemin est un dédale
A travers fossés et cavités.
Il m'est impossible de crier.
Je me tiens devant la troisième porte.
Et le gardien me dit : "tu dois".
Je lui donne ma langue.
Et je franchis le seuil.
Ce chemin n'est que tourbillon de poussière
Et bien qu'elle emplisse ma bouche,
Je n'en distingue pas le goût.
Je me tiens devant la quatrième porte.
Et le gardien me dit : "tu dois".
Je lui donne mon nez.
Et je franchis le seuil.
Des corps, décomposés,
Pourrissants,
Dont je ne peux humer la chair.
Je me tiens devant la cinquième porte.
Et le gardien me dit : "tu dois".
Je lui donne ma peau.
Et je franchis le seuil.
Au sol, des charbons,
Glissants sous mes pas,
Gênants ma marche.
Sont-ils chauds, coupants ...
Je ne le saurais pas.
Je me tiens devant la sixième porte.
Et le gardien me dit : "tu dois"
Je lui donne mes yeux.
Et je franchis le seuil.
Voici le Vide.
L'Inconnu, que je dois traverser.
L'Obscurité, que je ne peux voir.
Je me tiens devant la septième porte.
Et le gardien me dit : "tu dois".
Je lui donne mon cœur.
Déposé dans une jarre,
Il m'est rendu aussitôt.
Je franchis le seuil.
Un trône.
Une table parée de poussière.
Des serviteurs vêtus de plumes.
Ma Sombre Dame,
Ma chère Ereshkigal,
Est assise sur son trône.
Je m'agenouille devant elle.
"Ma Dame, bien que tu sois venue à moi des centaines de fois,
Portée par des ailes et des murmures,
C'est moi qui viens à toi à présent.
J'irai là où tu m'envoies,
Conduis-moi seulement sur le chemin.
Je dirai ce que tu attends que je dise,
Donne-moi seulement les mots à prononcer.
Je ferai ce qui me sera ordonné,
Montre-moi seulement les actes à accomplir.
Je dépose ma tête
A ses pieds, dans la poussière,
Et j'attends.
"Sais-tu à qui tu demandes cela ?"
Dit-elle.
"Je le demande, ma Dame,
A toi, Ereshkigal, souveraine d'Irkalla,
Reine du Monde Souterrain,
Epouse de Nergal,
Maîtresse de Namtar,
Qui un jour, a connu les Cieux,
Et a été contrainte de rejoindre les Enfers ;
Désormais Reine des os,
De la poussières et des plumes,
Juge des Dieux,
Gardienne des Morts,
Qui contrôle la roue des saisons
Et met fin à toute chose.
Je me tiens debout devant son trône.
Je lui offre la première jarre.
Elle en soulève le couvercle
Et goûte le miel.
Ses sombres lèvres sourient.
Je lui offre la seconde jarre.
Elle en soulève le couvercle
Et goûte aux larmes.
Son visage noir approuve.
Je regarde mon coeur devenir poussière
Entre ses mains.
Dans ma bouche, le goût de la cendre ;
Je sens mes muscles pourrir,
Mon sang s'assécher,
Mes os se dépouiller.
Entre mes lèvres craquelées,
Je murmure : "refais-moi".
Elle hoche la tête.
Sa main se pose sur mon crâne.
Mes os se couvrent de tendons.
Puis, mes muscles se couvrent de peau.
Enfin, mon corps est vêtu de plumes.
Elle m'ordonne : "dresse-toi".
J'exécute son ordre.
"Pars".
Bien que je ne comprenne pas,
Je me détourne d'elle.
J'implore :
"Montre-moi le chemin, ma Dame".
Alors je m'envole
Et je franchis la septième et la sixième porte,
Et je franchis la cinquième et la quatrième porte,
Et je franchis la troisième et la seconde porte,
Et enfin, la première porte.
Je me retourne et regarde :
Les portes n'ont jamais été là.
Dans une de mes mains, de la poussière.
Ce n'est pas la même qu'au début de ma route.
Dans l'autre, des plumes.
Ce ne sont pas les mêmes qu'au début de ma route.
Dans ma poitrine, un coeur.
Ce n'est pas le même qu'au début de ma route.
Je ferme les yeux
Et je peux La voir.
J.D, dans Into the Great Below
Traduction et adaptation personnelle
2 commentaires:
Damianda power!!!! \0/
Le texte est à la fois terrible, saisissant, vraiment impressionant, j'aime beaucoup ...
Enregistrer un commentaire